Croire ou ne pas ...savoir

Table des matières

·       Préambule
·       Introduction
·       Reconnaître l'Inconnu
·       "Je suis"
·       Formation et Éducation
·       La naissance
·       La vie
·       La mort
·       La relation à l'Univers
·       La relation au vivant
·       La relation à l'humain
·       La relation à Dieu
·       Digression circonstancielle
·       Fin de la digression...Je disais donc...
·       Épilogue

Avant-Propos : Peut-être n'avez-vous pas envie d'"embarquer" dans une telle lecture. Dans ce cas, allez lire l'Épilogue: vous serez peut-être curieux(se) d'en savoir un peu plus....

Préambule

Ce texte ne vise pas à convaincre.

Il émet une opinion, et l'opinion de quiconque vaut celle que j'énonce ici. Ni plus ni moins. Je ne possède pas la Vérité et je me méfie par dessus tout des possesseurs de la Vérité. Je préviens tout de suite le lecteur : il y aura plus de questions que de réponses. A la majorité des questions que je poserai, je me sentirais malhonnête de proposer des réponses. Bien plus, ce texte n'est pas terminé, et logiquement, il ne le sera jamais. Par ci par là, des énoncés seront enlevés et remplacés par d'autres, de nouveaux seront ajoutés, au gré de mes cheminements. Ce document sera toujours en quête de la Vérité.

Mais alors, pourquoi l'écrire.

D'abord pour moi-même. Pour aller au bout d'une idée, il faut l'exprimer. En parole ou par écrit. Et les idées que j'ai à formuler, je soupçonne jusqu'où elles peuvent aller, mais ce n'est qu'un soupçon. Je veux le savoir de façon claire.

Mais alors, pourquoi le publier, ce texte.

Simplement au cas ou la réflexion que j'énonce puisse aider quelqu'un d'autre à clarifier sa propre vision, quitte à ce qu'elle soit diamétralement opposée à la mienne. Je ne me prétends pas messager de vérité, mais d'opinion.

Ce que j'écris n'est pas une autobiographie. Ma vie est un point minuscule aligné parmi des milliards d'autres vies d'hommes et de femmes qui m'ont précédé ou qui me succéderont. Ma vie ne représente pas d'intérêt particulier. Sauf pour moi. Mais je reconnais d'emblée qu'il n'y a pas lieu d'en faire une pièce de théâtre.

Les idées que j'énonce sont cependant le fruit de mon vécu et ne sauraient avoir de sens qu'en relation avec ce vécu. Je dirai donc en bref que j'ai été prêtre séculier pendant huit ans, après quatre ans de Grand Séminaire et d'études théologiques. Je dirai aussi que j'ai quitté cet état de vie parce qu'il ne me permettait pas d'être ce que j'étais véritablement au fond de moi-même.

Un tel passage, de par la formation dont il s'accompagne, laisse des traces profondes et influence la façon de penser et de voir la vie. Sortir de cet état de vie implique nécessairement une remise en question fondamentale de ce que l'on est, de ce que l'on avait projeté, avant d'être capable de rebâtir sur de nouvelles assises. Aujourd'hui, rendu à l'âge de la retraite, je me rends compte, que le titre que j'ai choisi pour ce livre, - Croire ou ne pas... savoir - résume le cheminement que j'ai parcouru tout au long de ma vie jusqu'à ce jour.

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Introduction.

Depuis l'origine des temps, les hommes ont tenu à des croyances au point d'y conformer leur façon de vivre. Le besoin de croire semble très profondément enraciné dans la nature humaine. Les rites de sépulture les plus reculés dans le temps témoignent d'une croyance en une survie après la mort. Cela ne peut pas découler d'une connaissance constatée. Ce ne peut être que le produit d'une croyance.

J'emploie le terme croyance plutôt que foi, car il m'apparaît plus général et plus vaste. J'associe le terme foi à un contexte de croyance, à une religion. La religion survient quand on catalogue et ordonnance les croyances. Une religion en intègre certaines, et en rejettent d'autres. Celles qu'elle a retenues font l'objet d'une foi. Mais toute foi, chrétienne ou autre, fait partie du monde des croyances. Le mot foi vient du latin "fides", racine de "fidélité". Quand on parle de foi, on parle donc de fidélité à une croyance.

Une croyance ne peut pas se justifier rationnellement. Elle s'appuie sur la crédibilité d'un témoin, ou sur une tradition. Partant de là, elle affirme. Devant le non-explicable rationnellement, on affirme, on prend position. On croit.

Et c'est là que commence le drame de la croyance. Quand on croit, il n'est pas facile d'admettre que d'autres pensent autrement. Ce serait admettre que la vérité puisse être autre que celle à laquelle on adhère. Ou bien on détient la vérité, ou bien on est dans l'erreur. Que ce soit pour soi ou pour d'autres. Cette affirmation ne se vérifie pas nécessairement pour chaque personne. Il est possible de conserver le respect des autres, mais c'est une dominante que l'on ne constate que trop fréquemment. Bien sûr, chacun, dans son for intérieur peut se questionner, remettre en question la "vérité" reçue. D'ailleurs, cela ne dérange personne aussi longtemps qu'on ne l'exprime pas, et après tout, chacun est libre de ses choix.

Mais la Vérité telle que présentée par les Maîtres de Vérité, ceux qui dictent le contenu de la croyance, n'a pas cette tolérance. Il n'est pas question de facettes de vérité, de recherche de vérité. Elle est entière, totale et non discutable. Elle repose sur des dogmes qui, dans l'Église catholique, reposent sur l'infaillibilité du pape. Les autres religions ont aussi leurs maîtres de Vérité.

Vu sous cet angle, la croyance ne peut conduire qu'à la propagation de la vérité, au militantisme, au missionnariat. Et quand on pousse la conviction jusqu'à son extrême limite, au " crois ou meurs". L'histoire le démontre à pleine page. L'inquisition espagnole, la chasse aux hérétiques, en sont des  exemples. Le fanatisme de certains groupes islamiques actuels en est un autre, ainsi que l'histoire récente de l'Irlande.

Notons ici que l'intolérance n'est pas le fait exclusif des religions identifiées comme telles. La politique, le racisme, le nazisme, à ce chapitre, ne cèdent en rien leur place aux grandes religions qui se partagent les peuples de la planète. Ils sont d'ailleurs tous basés sur des croyances. "L'axe du mal" défini par l'ex-président d'un pays voisin est un autre exemple de croyance. Et on en voit les conséquences.

La particularité des religions, par rapport aux croyances "laïques" est qu'elles se situent à un cran supérieur. Elles visent plus haut qu'à atteindre un objectif. Elles se veulent une explication du monde et de la vie de façon fondamentale. Elles en déduisent des principes de vie qui sont non négociables parce qu'ils découlent de la "Vérité ".

Ce qui amène au constat suivant : Toute intolérance, tout fanatisme découle d'une croyance. Je ne dis pas que la croyance mène nécessairement au fanatisme, mais que le fanatisme provient de la croyance.

La connaissance sait qu'elle est évolutive, qu'elle n'a pas toujours été ce qu'elle est à un moment donné, et elle sait qu'elle évoluera encore dans le temps. Cela lui permet d'accepter d'autres hypothèses, sachant que ce qu'elle affirme est hypothèse, et que chaque hypothèse peut être renversée par une nouvelle.

Une telle approche est incompatible avec la croyance, du moins aussi longtemps que l'on n'arrive pas à des évidences flagrandes. Des scientifiques ont payé cher d'affirmer que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse.

C'est pourquoi, face à l'inconnu, faut-il croire ou reconnaître simplement ne pas savoir….

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Reconnaître l'inconnu.

Certains domaines de l'inconnu, dans le domaine scientifique par exemple, ne créent pas de problème, car on soupçonne dès le départ qu'un jour ou l'autre on trouvera une réponse aux questions en suspens. La connaissance de l'Univers, pour étriquée qu'elle soit présentement, ouvre constamment de nouvelles portes, et, même si on ne voit pas la fin de la recherche, elle laisse la voie à des constats possibles et à des découvertes qui préciseront et feront évoluer constamment l'état de la connaissance.

Par contre quand il s'agit de l'inconnu face aux questions fondamentales de la vie - d'où elle vient, où elle va - cet inconnu déstabilise, parce qu'on ne voit pas le jour ou la science apportera une réponse exhaustive aux questions posées.

La sonde Huygens que l'on est parvenu à déposer sur la lune Titan de la planète Saturne espère trouver comment se sont formées les premières cellules vivantes. Peu importe les résultats que l'on découvrira, on ne parviendra pas à explorer la vie vue du dedans : le "Je".

Ce domaine échappe aux méthodes d'étude que permet la science. On pourra peut-être comprendre un jour pourquoi, quand les conditions environnementales sont favorables, telles et telles ensembles de molécules commencent à interagir, et développent un premier niveau de vie en devenant une cellule. Mais on ne peut pas expliquer ce qu'est la vie, et personne n'est venu nous dire ce qu'il y a après la vie, ou si même s'il y a quelque chose qui fait suite. Il y a eu des affirmations mais pas des démonstrations.

C'est alors qu'on se tourne vers l'empirique, vers l'affirmation, vers la croyance, vers le dogme, que l'on justifie par une révélation divine, le témoignage de quelqu'un que l'on veut à toute épreuve, ou tout simplement par la tradition : on l'a toujours cru, pourquoi ce ne serait pas vrai.

Autant de façon de s'endormir sur une "Vérité" reposante et stabilisante. Croire, c'est très attrayant, parce que ça sécurise. Ca évite de se poser des questions, de remettre en question, de douter, de chercher et de vivre avec l'inquiétude de ne pas trouver. Devant un doute qui s'éveille, on réaffirme sa croyance.

Dans le monde de la croyance, on ne peut pas douter, on ne peut pas contester. On possède la Vérité. Alors pour s'en assurer, on ajoute la menace.

Parce que la croyance est toujours renforcée par une menace. Menace de jugement, menace de rejet, menace d'interdit, menace de damnation, menace d'enfer. Cela va de soi : Le croyant "possède" la vérité. Hors de la Vérité, point de salut. On a même dit : Hors de l'Église, point de salut.

Dans la croyance, il n'y a pas de connaissance, parce que la connaissance découle d'un constat, et qu'il n'y a pas de constat dans la croyance. Il y a de l'affirmation, mais pas de la connaissance. Il n'y a que de l'inconnu.

Alors, pourquoi ne pas reconnaître l'inconnu comme étant l'Inconnu.

Il n'y a d'ailleurs qu'un seul inconnu qui mérite vraiment ce nom. C'est celui qui entoure la vie. Avec une partie avant et une partie après. Et l'entre deux, la vie, ma vie, est tellement minuscule entre l'avant et l'après qu'elle en disparaît. Et pourtant, pour moi qui suis cette vie, cet instant-grain-de-sable-dans-la-durée est tout ce qui compte aujourd'hui. Tout autre inconnu que celui-là n'est pas du vrai inconnu, ce n'est que du non-encore-connu. L'infinité du temps où je n'étais pas, et l'infinité du temps où je ne serai plus, par rapport à l'instant infime où je vis, met en relief le vide de ce que je sais face à l'infinité de ce que je ne sais pas.

On peut étudier la vie de l'extérieur. Celle des autres. Constater l'historique de son évolution, analyser les civilisations et les cultures. En autant que l'on retrouve des traces du passé des humains, on procède à partir de constat, donc de science.

On peut même émettre des hypothèses sur le comportement humain, on peut analyser l'"âme". On peut étudier  le "je" ainsi que l'influence de la civilisation et la culture sur le comportement des individus.

Mais à partir du moment où le "je" c'est moi, et que je prends conscience d'être, à partir du moment où je me vois de l'intérieur et que je pose la question : "d'où je viens, où je vais et pourquoi est-ce que je vis", le seul constat que je puisse faire, c'est que "je suis". Au sujet de tout le reste, au sujet de la "Vérité", à part "je suis",  je ne sais pas et je n'ai pas de moyen de savoir.

Le vertige que ce constat provoque oblige à trouver une explication. Ce qu'on ne peut pas expliquer par des faits et constats, on l'explique en s'appuyant sur des croyances. La profusion des religions témoigne de l'enracinement de ce besoin dans la nature humaine. Chacune présente sa vision du monde et de sa finalité...et elles ont toutes la particularité de se prétendre la seule vraie...

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"Je suis"

Il est intéressant de constater que dans la Bible, Dieu s'appelle Yahvé, c'est-à-dire "Je Suis". Quand je constate que la seule vérité que je possède sur ma vie, c'est que je suis, est-ce que je serais alors sur la voie qui mène vers "Je Suis", et qu'en fait j'en fais partie?

"Je Suis" échappe à toute définition. Il se vit de l'intérieur. Vu de l'extérieur, ce n'est pas "je suis", mais "il est".

Si cette affirmation est vraie pour moi qui suis conscient de mon "je", ce ne peut qu'être vrai aussi pour tout autre individu semblable à moi vu de son propre intérieur. Mais pour les autres "éléments" du même univers dont je fais partie? Pour les animaux, chacun dans sa diversité ? Pour les vivants végétaux, chacun dans sa diversité ? Pour toute matière non composée à base de carbone, le monde minéral ? N'y aurait-il que l'homo sapiens qui puisse disposer d'un "je"? Pourquoi mon chien n'aurait pas un "je" ? Pourquoi l'érable devant ma maison n'aurait pas un "je" ? Pourquoi la Terre n'aurait pas un "je" ? Pourquoi l'Univers n'aurait pas un "Je" ? C'est-à-dire, une conscience d'être.

Tout comme il m'est impossible de prendre conscience de mon "je suis" à partir de l'extérieur de moi-même, parler de "Je Suis" de l'extérieur, c'est-à-dire discourir sur Dieu, c'est de la distorsion pure. La relation entre mon "je suis" et le "Je Suis" de la Bible, ne peut se faire que de l'intérieur, de mon propre intérieur, au fond de mon "je suis".

Mais alors, que viennent faire les dogmes, commandements, préceptes et sermons, tous farcis d'affirmations gratuites et de phrases creuses. Une chose me paraît sûre : la Vérité n'est pas là. Et ce n'est pas là qu'il faut la chercher.

La morale ? Là, c'est peut-être moins évident. Il ne s'agit pas d'affirmations pures et gratuites, car elle vise un objectif. Un objectif de société. Encadrer pour structurer une société. Elle vise à "former" la personne pour qu'elle cadre dans ce que la société attend d'elle. Son but n'est donc pas l'épanouissement du "je", mais son encadrement. Et la morale vise un encadrement dans le but de guider les relations entre les humains.

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Formation et Éducation.

Former, c'est mettre dans une forme, c'est modeler, mettre à sa main, rendre "conforme". Les entreprises le font avec leurs employés, pour qu'ils puissent rencontrer les objectifs de l'entreprise. La société le fait pour transmettre les valeurs qu'elle préconise, afin que règne l'ordre. Les religions le font pour assurer l'acceptation du message de "Vérité" qu'elles veulent transmettre.

Par contre, éduquer, (ex ducere), c'est, littéralement, "conduire à partir de". Ça ne dit pas :"vers", mais "de". C'est ouvert. C'est prendre à partir d'un point de départ, et conduire vers ailleurs. C'est rendre autonome, rendre libre.

Cependant, toutes les sociétés mettent plus d'énergie à former qu'à éduquer. Ériger ce qu'on appelle un "système d'éducation", c'est déjà le mettre dans un moule. Un moule par lequel tout le monde doit passer. Un moule qui indique ce que l'on doit apprendre. Et si un jour, on constate que le résultat est un échec. Alors, on entreprend une "réforme du système". Et l'histoire se répète.

Éduquer, c'est une autre paire de manches. C'est d'abord reconnaître l'état d'où l'on part, puis aider à développer la responsabilité, c'est-à-dire, la prise en charge de soi, afin de rendre autonome et libre. Entre autre, libre de penser, de réfléchir, de chercher et découvrir sa vérité au fond de soi. Amener à formuler des questions plutôt que d'apporter des réponses. Mais la vérité trouvée au fond de soi risque d'être différente de celle qui est enseignée d'office. C'est pourquoi, il est plus confortable pour une société de former plutôt que d'éduquer. C'est pourquoi, l'Église a servi des anathèmes et des excommunications contre ceux qui osaient diverger de sa "vérité". Il fut même un temps où elle les envoyait au bûcher... C'est aussi pourquoi elle s'est appliquée à assujettir ses fidèles pour les rendre dociles. N'y a-t-il pas de procédé d'assujettissement plus puissant que de convaincre quelqu'un qu'il n'est qu'un tas de péchés et qu'il doit s'agenouiller auprès d'un autre pour se faire dire : Je te pardonne au nom de Dieu.

Ceci dit tout en respectant le libre choix de ceux qui y croient. Je ne juge personne. Je ne suis pas porteur de vérité, mais d'opinion.

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La naissance.

La conscience d'être que j'ai aujourd'hui s'est imposée à moi progressivement. D'abord très confusément. J'ai appris que je suis né à telle date de tel père et de telle mère, et que ces derniers m'ont conçu environ 9 mois auparavant. Entre la date de ma conception et la date de ma naissance, j'ai pris forme progressivement, même si je n'en étais pas conscient, et que je n'en ai aucun souvenir. Ce n'est que plusieurs mois après ma naissance que certains éclairs de souvenir ont commencé à s'enraciner dans les cellules de mon cerveau. Il n'y a pas de souvenir s'il n'y a pas de cerveau pour l'enregistrer. Et mon cerveau a commencé à enregistrer des souvenirs quand il a été assez développé pour le faire.

Si j'ai pu exister sans en avoir de souvenir, et sans avoir eu le moyen d'en avoir, puis-je me poser la question suivante: Est-ce bien vrai qu'avant ce moment de ma conception, "je n'étais pas" ? J'ai tout de même été fait à partir de cellules provenant de mon père et de ma mère. Et par le biais de ces cellules j'ai hérité de tout un bagage de gènes qui m'ont transmis l'hérédité de mes ancêtres, et qui ont formé non seulement mon corps, mais aussi mon caractère et mes habiletés. Tout ce qui a fait que je suis devenu ce que je suis était déjà là, dans les multiples combinaisons possibles des gènes qui ont créé mon ADN.  Mon "je" est-il sorti du sac comme par magie au moment de la rencontre des deux cellules primaires qui ont lancé le développement de mon corps ?...ou bien...Intervention directe de Dieu pour insuffler la vie lors de chaque conception ou naissance - (à quel moment?) - d'un bébé, d'un chat, chien, moustique, bactérie, virus, etc...?..... Évolution naturelle de la matière quand elle rencontre les conditions nécessaires ?........ Incarnation d'une parcelle de "Je Suis" qui se transmet d'une génération à l'autre ?....

Première question sans réponse : Croire ou ne pas savoir…...

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La vie.

Croissance, maturité, déclin. C'est le cycle de tout être vivant, qu'il soit végétal ou animal. Le constater est une chose. Le vivre en est une autre.

Le scientifique constate le cycle et il l'énonce froidement. Il sait.

Le "je" vit ce cycle, et, au delà de la croissance, de la maturité et du déclin constatés, il se pose la question : d'où je viens, où je vais. Il ne sais pas.

Et il angoisse.

Le corps vieillit avec le temps; par contre, le "je" ne se perçoit pas comme vieillissant au même rythme, au contraire, il a conscience de s'enrichir avec le temps. Serait-ce un signe que la Fin ne le concerne pas? Que "je suis" sera toujours "je suis"? Tout comme il ne pourra jamais dire "j'étais" ou "je n'étais pas". D'ailleurs, vu de l'intérieur, cette question est un non sens. Le passé et le futur n'ont de sens que dans l'étalement temporel de mon "je suis" par rapport à l'instant présent. Hier, je disais "je suis", et aujourd'hui, je dis encore "je suis". Au même indicatif présent. À un moment donné, pour un vivant donné, le futur cesse d'être futur, pour devenir le présent, la durée d'un instant, puis il devient le passé pour toujours. Mais "je suis", c'est-à-dire, ma conscience d'être, se voit et se vit toujours au présent. Avec une croissance, une maturité et un déclin. Entouré, quand vu de l'extérieur, d'un début et d'une fin. Vu de l'intérieur, je n'ai pas eu conscience de mon début. Est-ce que j'aurai conscience de ma fin, lorsqu'elle sera en train de se produire ?... J'ai existé sans en être conscient, entre ma conception et ma naissance. Est-ce que j'existerai aussi sans en être conscient après ma mort ?....ou en continuant à être conscient ?... On y reviendra.

Le vivant vient du vivant, donne la vie au vivant, et se nourrit du vivant.
Quand on dit : mordre dans la vie, on n'aura jamais si bien dit: Il faut tuer pour continuer à vivre. Que l'on mange du végétal ou de l'animal, on le tue en le mangeant. On le tue et en même temps on lui redonne vie. Pas dans le même "je", mais dans celui d'un autre. Mais alors, tuer contribue à maintenir la vie ?  Le "mangé" cesse de vivre pour permettre à celui qui le mange de continuer à vivre.

C'est ce que le scientifique appelle la chaîne alimentaire.

Du point de vue du "je", "mangé" ou "mangeur",  c'est la lutte pour la survie.

Et si le "je" était distinct et dissociable du vivant qui le porte ? S'il faisait partie d'un autre ordre d'être, qui s'amalgame avec la matière pour participer à son évolution, qui "s'incarne" dans une pierre, une plante, un animal "homo sapiens" ou non, pour lui donner son "je suis", sa conscience d'être, au delà de son existence, et ceci tout en étant indissociable de "Je Suis"?

Alors toutes les religions auraient peut-être chacune un élément de vérité ? de la Réincarnation à la Résurrection.

Il est difficile de ne pas penser religion face à la vie.

Mais, là encore la question reste sans réponse : croire, ou ne pas savoir…...

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La mort.

La mort des autres ne pose pas de problème, tout comme celle du chien de mon voisin, de l'araignée que j'écrase sous mon pied, intentionnellement ou accidentellement, ou celle de la carotte que l'on arrache du jardin à l'automne. Non, la mort des autres ne dérange pas. Elle dérange un peu s'il s'agit de proches, mais ça passe.

Mais la perspective de sa propre mort. La pensée inéluctable qu'on n'y échappera pas. On passe sa vie à apprivoiser cette idée. Et plus la vie s'allonge, plus on prend conscience que l'échéance incontournable se rapproche.

Angoisse.

Où en serai-je quand viendra le moment.

Le plus angoissant n'est pas le fait de la mort elle-même. C'est de ne pas savoir ce qu'il y a après. De là la tentation de croire : Un beau Paradis pour l'éternité.

Je ne le nie pas : je dis que je ne sais pas.

Est-ce que la conscience que "je suis" durera au delà du temps.
Voilà que je viens de d'énoncer un non sens : durer implique temps. La durée se mesure dans le temps. S'il n'y a plus de temps, il n'y a plus de durée. On ne peut pas évaluer si "l'éternité" est courte ou longue. Elle est … ou elle n'est pas…

Plusieurs personnes, après un retour d'une mort clinique momentanée, ont témoigné avoir vécu un expérience extraordinaire faite de lumière et de bien-être indicible. D'autres personnes, au sortir d'une aventure dans le monde de la drogue, affirme avoir vécu des hallucinations parfois semblables, même si ce n'est pas toujours le cas.

Une chose semble probable, pour ne pas dire plus, c'est qu'au moment de la mort, le cerveau cesse d'être approvisionné en oxygène, et que littéralement, il s'empoisonne, il devient drogué, entourant les derniers moments lucides d'hallucinations bienfaisantes. La mort étant accomplie, on ne peut pas avoir conscience d'un "après" du dernier moment de vie. L'éternité serait-elle la fixation bienheureuse dans le dernier instant-qui-n'a-pas-d'instant-suivant ? Mais alors, la vie serait le résultat d'un cerveau bien organisé ?... Et en serait indissociable ?

Mais comme ceci ne peut pas être constaté, ce ne pourrait être qu'une croyance….

Toujours le même dilemme : croire ou ne pas savoir…...

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La relation à l'Univers.

Je suis une poussière sur la Terre, qui est une poussière dans l'Univers. Mais je suis une poussière qui pense. (Au fait, suis-je la seule poussière à penser, dans l'Univers ?…)

De toute façon, je pense. Et je prends conscience de cet Univers dont je ne peux pas prendre la mesure. Car toute connaissance nouvelle que je peux acquérir sur cet Univers, me convainc toujours plus qu'il est hors de portée de toute mesure. On peut parler de Big Bang initial et d'expansion indéfinie, rien ne me dit qu'avant ce Big Bang (si vraiment cette théorie est juste), il n'y a pas eu une implosion, et que l'Univers ne joue pas ainsi au yoyo depuis toujours. On dit présentement que l'Univers est en expansion. Le télescope Hubble a découvert des étoiles à des milliards d'années-lumière de nous. Plus les outils de recherche se raffinent, plus les limites de l'Univers semblent reculer. Se pourrait-il qu'en fait l'Univers n'ait pas de limite ? Et ceci dans les deux sens : vers l'infiniment grand et vers l'infiniment petit ?

Mais peu importe. Je suis, et l'Univers est. Je suis lié à l'Univers, j'en fais partie. Une partie qui peut paraître dérisoire, mais qui ne l'est sûrement pas, puisque si je n'avais pas d'importance je n'en ferais pas partie. Je ne saurais avoir existé sans qu'il y ait une raison. Dilemme de l'insignifiance de mon existence à l'échelle de l'Univers et en même temps de mon "indispensabilité". Je fais partie du courant de vie qui jalonne l'Univers, ici sur Terre, sous diverses formes, et vraisemblablement ailleurs aussi. Je l'ai reçue de mes parents, tel une étincelle, et je transmets l'étincelle à mes enfants pour qu'elle continue.

Mais pourquoi ? Je ne sais pas.

Ce que je pense savoir, c'est que je suis un chaînon dans l'évolution des espèces vivantes. La vie ici sur terre a commencé sous la forme d'une première cellule protozoaire. Ces cellules se sont associées à d'autres cellules pour former des molécules de plus en plus complexes, qui elles-mêmes se sont associées avec d'autres pour donner naissance à des êtres vivants ayant une vie et des comportements distincts de ceux des cellules qui les forment.

Les cellules de mon corps sont continuellement remplacées par de nouvelles. On dit que sur un espace de sept ans, toutes les cellules du corps humain sont remplacées. Aujourd'hui, rien ne subsiste de ce qui composait mon corps d'enfant. Et pourtant, c'est toujours "moi" qui vit, malgré le remplacement de toutes mes composantes.

Ma conscience d'être est distincte de chacune des composantes de mon corps et de la matière qui le constitue. C'est ainsi que je peux dire: ma tête, ma main, mes sentiments, mon intelligence.  Mais si je dis "moi",  je fais allusion à l'ensemble de ce qui me constitue, et en même temps, à aucune des ces composantes en particulier.

Est-ce que, à mon niveau, comme pour  les cellules de mon corps par rapport à moi,  je suis moi-même  une simple composante d'un autre Être qui perdure quand je meure et que quelqu'un d'autre prend ma relève ? Y aurait-il un autre ordre d'être qui est à la fois moi et distinct de moi, comme le sont les atomes, molécules et cellules de mon corps par rapport à moi ?

L'évolution s'est diversifiée en fonction des milieux de vie ou de besoin de survie, jusqu'à générer une multitude d'espèces, qui n'en finissent plus de changer, de s'adapter et de développer de nouvelles habiletés. On peut avoir l'impression aujourd'hui que l'évolution est terminée, et que la Création a atteint sa forme idéale. Faux. On ne voit pas l'évolution au niveau des espèces animales, elle est trop lente. Mais on la voit au niveau des bactéries et des virus, qui s'adaptent à une vitesse effarante aux effets des vaccins et médicaments (pervers pour eux...) de façon à pouvoir survivre. L'Univers semble, vu avec recul ( est-ce possible ? ), en marche constante vers une recherche d'état idéal, recherche à laquelle je contribue par ma brève participation. Mais comment ?... Pourquoi ?...

Je ne sais pas.

Tout ce que je sais, c'est que "je suis". Que je suis dans l'Univers, et qu'en fin de compte j'origine de Lui, que c'est Lui qui m'a fait.

Lui doit savoir.

Lui ou son "Je Suis".

Mon rêve de connaissance le plus tenace est de connaître les secrets de l'Univers. Parce qu'il n'y a rien que l'on  puisse connaître qui n'en fasse partie. Toutes connaissances, même celles qui requièrent la formulation la plus abstraite, concernent l'Univers. Cet Univers, je le contemple, je le pense, et même si je parviens à en interpréter maladroitement quelques secrets, je ne peux en fin de compte, vu de l'extérieur, vu de mon point de vue, je ne peux que constater que l'Univers Est, et que jamais je ne parviendrai à en prendre la mesure. Mais, si l'Univers a une conscience d'être, vu de son intérieur à Lui, ce ne peut pas être "Il Est" , mais "Je Suis". Le seul "Je Suis" duquel proviennent tous les autres parce que rien ne peut exister qui ne fasse partie de l'Univers.

Mourir, serait-ce alors pour moi, que "je suis" quitte la matière qui se désintègre pour  réintégrer "Je Suis" de l'Univers ?

Ça mérite d'être l'objet d'une croyance, mais je ne sais pas.

Certains papillons, au cours de leur migration entre le Canada et le Mexique vivent le cycle de 2 ou 3 générations. Et pourtant la dernière génération sait où elle doit se rendre. Transmission génétique de la connaissance ?... Rémanence d'un "je suis" d'une génération à l'autre ?...

La nécessité de protéger leur survie, que ce soit contre les prédateurs ou que ce soit face aux contraintes du milieu de vie, amène les espèces vivantes à évoluer. Contre les prédateurs, certaines usent de camouflage, d'autres concoctent et génèrent des poisons. En retour, les prédateurs s'immunisent contre ces poisons. Ceci ne peut pas se faire tout seul. Ce ne sont même plus les individus qui réagissent, c'est l'espèce. Y aurait-il donc, dans l'espèce, une "pensée" qui réfléchit et réagit ? Y aurait-il un "je" au niveau de l'espèce qui lutte pour sa survie, en préparant une autre évolution?

Élucubrations ? Je n'oserais pas dire.…. Mais je dis : je ne sais pas….

Le cycle de la vie (croissance, maturité, déclin) s'étale selon une durée variable dans le temps. De quelques minutes chez certains insectes, à plusieurs milliers d'années pour les arbres géants du nord de la Californie. Mais vu à l'échelle de l'Univers, ces durées sont toutes du même ordre, celui de l'étincelle, qui disparaît aussi vite qu'elle est apparue. La vie serait alors comme une gerbe d'étincelles qui jaillit de l'"immesurable" Univers… ou de son "Je Suis"…

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La relation au vivant.

Sur la poussière de l'Univers qui s'appelle Terre, je ne suis pas seul à constater que "je suis". Je ne sais pas si la carotte de mon jardin est consciente de son "je suis", mais ce qui peut être constaté, c'est qu'elle partage, sous une forme différente, la vie qui m'anime. Elle, tout comme moi connaît la croissance, la maturité et le déclin. La relation au vivant va bien au delà de la relation aux humains. Elle englobe tout ce qui est vivant. Il s'agit là d'une relation privilégiée par rapport au reste de l'Univers.

Le vivant est composé de la même matière que l'on retrouve partout dans l'Univers.
Ce qui le différencie, c'est son organisation. C'est le choix des éléments, leur agencement et un environnement favorable qui font que la vie jaillit. De là s'enclenche le processus de croissance, de maturité et de déclin, englobé dans un contexte d'évolution et de transformation de l'espèce. Puis, à la fin du déclin,  quand la matière vivante se désorganise, c'est la mort.

Bien beau, vu de l'extérieur…Mais le mystère, et en même temps la merveille, c'est que dès que commence ce processus de la vie, une conscience d'être, un "je" se reconnaît dans ce vivant. (Disons, probablement à des degrés variables de conscience, selon la complexité de l'organisation du vivant considéré…). Un "je" qui réagit au contact du monde environnant. Une conscience qui s'émerveille de reconnaître sa propre existence, et qui en même temps angoisse à la pensée d'une fin inévitable.

Même si la science parvenait à arrêter l'horloge interne qui marque la marche vers le déclin, la vie sera toujours à la merci d'un accident destructeur. On aura beau prolonger la vie, on n'effacera pas l'angoisse. La science ne peut travailler que sur les conditions qui entourent et permettent la vie. Mais pas sur l'essence de la vie. Il s'agit là d'un aspect de l'Univers infiniment plus difficile à sonder que les secrets de la matière.

Que l'on constate que la vie puisse s'éveiller si toutes les conditions sont réalisées, qu'elle puisse se propager, engendrer d'autres vivants, c'est une chose. Une chose vue de l'extérieur. Mais que l'un de ces vivants s'avère être "moi", et  que je prenne conscience de ma présence dans ce vivant....(La même chose vue de l'intérieur)… Alors je me demande : qu'est-ce que ce "moi" dont je prends conscience ?... D'ou je viens ?... où je vais ? ....Pourquoi ?... Qui suis-je?...

La question lancinante qui n'a pas de réponse....

Croire... ou ne pas savoir...

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La relation à l'humain.

La relation à l'humain peut être considérée, au delà du jeu de mot, comme la relation "allumée", parce que c'est elle qui a fait évolué l'intelligence humaine. Une idée peut se concevoir, se formuler et se transmettre parce qu'il y a une autre intelligence pour la recevoir, la comprendre et y réagir. C'est la relation entre les deux qui alimente la pensée et lui permet de se développer. S'il n'y avait personne pour recevoir la communication, il ne se serait pas développé de langage; et pas de langage, pas de formulation, et en fin de compte, pas de connaissance. La pensée de l'un "allume" celle de l'autre et vice-versa. Alors, la connaissance peut évoluer. Il s'agit là d'une relation d'un autre niveau que celui de la relation au vivant. Relation de "je suis" au "je suis" d'un autre. Relation de partage et d'échange.

Mais dans la vrai vie, tout n'est pas aussi beau et aussi simple. Il peut s'agir d'une relation de communion ou bien d'une relation d'opposition. Amour ou Haine. Le Bien, le Mal...

Le Bien et le Mal n'existent pas en tant que tel dans l'Univers. Ils sont le résultat de la relation entre les humains. La relation à l'humain, selon son orientation, tend vers l'édification ou vers la destruction, vers l'Amour ou vers la Haine.

L'Amour et la Haine implique nécessairement une relation à un autre. Une relation qui édifie ou qui détruit.

Tout comme il n'y a pas de constat de Bien et de Mal, dans l'Univers, il n'y a pas non plus de constat de Ciel ni d'Enfer. Seraient-ils l'aboutissement, vu de l'intérieur, d'une vie qui se réalise selon une relation qui édifie ou qui détruit ?.. ou bien, font-ils partie intégrante et objective de cet "autre ordre d'être" évoqué plus haut, comme hypothèse alternative?

Qui saurait dire....Moi, je ne sais pas...

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La relation à Dieu.

Le mot Dieu est tellement galvaudé que, chaque fois qu'on l'utilise, on doit se redemander ce qu'il signifie. On finit immanquablement par en faire un objet. Au mieux, un être vivant omniprésent, omnipuissant et omniresponsable de tout ce qui se passe dans l'Univers… Et aussi omniresponsable de tout ce qui se passe  dans chacune de nos petites vies. Si bien que devant une catastrophe on en vient à demander : pourquoi Dieu laisse-t-il faire ça… Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu…

Dieu qui récompense ou Dieu qui punit. Selon que je fais le bien ou que je fais le mal...

Déviation de la croyance…

La pratique du sport vise à développer des habiletés et des réflexes. Quand on excelle dans un sport, on n'a pas besoin de réfléchir pour savoir quelle réaction adopter. Et quand on a de la difficulté à réaliser une activité, on surmonte cette difficulté en "pratiquant".

Les religions ont toutes compris cela, car c'est une partie très importante de leurs préceptes. La pratique religieuse. On dira que les rites extérieurs sont des supports au recueillement. Mais quand on en vient à en faire des obligations, il y a fort à parier que c'est au détriment de l'objectif recherché. Le moyen devient l'objectif. On entre dans la magie de l' "ex opere operato", du résultat automatique, du "qui produit ce qu'il signifie". Et si le résultat n'est pas ce qu'on attendait, on se demande pourquoi Dieu n'intervient pas. Dans ce contexte, la prière devient un lieu de commandes adressées à Dieu.

La seule façon de rencontrer "Je Suis", ne peut se faire que de l'intérieur, à partir de mon "je suis", de ma conscience d'être, pour rejoindre "Je Suis" qui supporte mon "je suis".

Et la Voie pour m'en approcher est de faire abstraction de tout le " bruit " qu'il y a autour de moi pour entrer au fond de moi-même, afin de prendre conscience de mon existence, de ma vie, de la Vie. M'enrober dans le mystère de la Vie.

C'est ma définition de ce qu'on appelle prier. La prière ainsi vue n'a pas besoin de paroles et encore moins de gestes.

La Vérité ne peut être qu'au fond de moi autour de cette parcelle de conscience d'être qui m'anime, et dont je prends conscience qu'elle ne saurait exister si la Vie ne lui était constamment insufflée. Au sortir d'une telle prière, si je n'en reviens pas avec une réponse claire à mon questionnement sur "d'où je viens, où je vais, et pourquoi je suis ici",  je pourrai, j'espère, trouver la sérénité en donnant ma confiance à "Je Suis" que j'y rencontre.

J'en viens alors à me demander s'il ne vaut pas mieux être un "espérant" plutôt qu'un croyant. Faire confiance au cadeau gratuit de la Vie plutôt que de m'accrocher à une "vérité" que je ne peux pas constater et qui fait fi de mon intelligence .

L'Espérance ne repose pas sur des certitudes, elle n'affirme rien. Elle ne prend rien pour acquis. Elle ne cherche pas à convaincre. Espérer, c'est être ouvert, en attente, en état d'accueil. La "Vérité" que je trouve au fond de moi, quand je m'arrête pour prendre conscience de ma vie, me dit intérieurement que cette soif de connaître que j'éprouve, cette soif de vivre sans fin, est une invitation à espérer. Cette idée, du moins, atténue l'angoisse, et libère de la place à la sérénité.

Espérer quoi ?

Si "Je Suis" supporte mon "je suis" en ce moment, et continue à le faire dans la durée, pourquoi devrais-je angoisser à la pensée qu'un jour Il pourra me présenter autre chose... Qu'ai-je à craindre ?… C'est probablement ce à quoi pensait le psalmiste quand il chantait "Le Seigneur est mon Berger...". Relation d'édification, c'est-à-dire Relation d'Amour.

Espérer tout ce que "Je Suis" voudra bien qu'il en soit, quand Il le voudra...

L'Espérance serait-elle alors la meilleure réponse à "je ne sais pas"... ?

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Digression circonstancielle…

Jean-Paul II vient de mourir. Ce fut un homme qui a eu une influence extraordinaire sur le plan mondial. Tous les hommages qui lui sont rendus présentement, il les a mérités. Il a été accueillant pour tous et a tenu à visiter les plus humbles et les plus délaissés. Il s'est ouvert au monde. Il est le symbole de l'accueil. Et les "accueillis" le lui rendent bien.

J'ose  cependant souhaiter que son successeur puisse se dégager du carcan de la tradition et présenter une vision plus ouverte du message évangélique sur plusieurs sujets qui déchirent les chrétiens.

Durant des centaines d'années, l'Église a refusé de reconnaître les avancées de la science parce que "contraires" à ses enseignements, à "sa vérité". Des chercheurs ont payé sur le bûcher le prix de leurs convictions. Il a fallu des siècles pour que devant des évidences flagrantes elle reconnaisse certaines erreurs. Aujourd'hui, on ne brûle plus sur le bûcher. Mais l'attitude demeure la même face aux opportunités que la science propose pour soulager certains grands maux de l'humanité. L'attitude demeure aussi la même face à ceux qui osent diverger de "sa vérité" et de ses enseignements. Rares sont les théologiens reconnus qui n'ont pas eu au cours de leur carrière, parce qu'ils ont osé penser et parler, non pas à expliquer le pourquoi de leurs positions, mais à se faire dire de rectifier le tir.

l'Église a été depuis toujours une affaire de clergé. Quelques frileux progrès on été accomplis, mais c'est tellement mince. On manque de prêtres, alors, on consent à utiliser des diacres. Eux pourront se marier, mais l'important c'est qu'ils font partie du clergé. Par contre, pour les prêtres, il faut être "pur" et sans attache. Les laïcs, c'est du menu fretin… et les femmes encore bien moins. Rappelons-nous que le célibat sacerdotal n'a pas toujours existé. C'est de la tradition. Avec comme origine une souci de maintenir intègre le patrimoine de l'Église, au cours d'époques où le haut-clergé possédait de grands domaines, et détenait un large pouvoir politique sur les divers royaumes d'Europe. On a "spiritualisé" cette tradition et on en a fait une mystique. Avec comme résultat les déviations sexuelles que l'on découvre aujourd'hui avec indignation, et aussi avec comme autre résultat un mépris pour les femmes, qui ne sont pas "dignes" d'accéder aux fonctions ministérielles.

Je ne peux oublier le témoignage de cette religieuse américaine qui a eu le courage, lors du voyage du Pape aux États-Unis, de dire devant lui, qu'elle souhaitait une place pour les femmes dans les fonctions ministérielles de l'Église. Peu de temps après, elle a été convoquée au Vatican. Je l'admire d'avoir tenu tête devant son inquisiteur, qui lui demandait de préciser que sa pensée ne portait pas sur l'accession des femmes à la prêtrise.

J'ai dit un jour, il y a une trentaine d'années, que le problème de l'Église se réglerait par le vide. C'est ce qui est en train de se produire à l'échelle quasi mondiale.

Mais quand le message se rendra-t-il à Rome...Précisons en effet que je ne parle pas ici de l'Église  communauté des chrétiennes et chrétiens. Je parle de l'Église vaticane, cléricale et sexiste.  Celle qui "possède" la Vérité….

Les Infaillibles des siècles passés ont sclérosé l'Église, en l'enfermant dans des formulations rigides, qui l'empêchent de lire le message évangélique avec les yeux du monde contemporain et en tenant compte des apports de la science. La doctrine a  pris le dessus sur l'évangile depuis des siècles et elle s'est momifiée. Résultat : désaveu de la masse des chrétiens qui ne se reconnaissent plus dans le langage qu'on leur sert présentement. Oh! J'ai beaucoup d'admiration pour les prêtres qui continuent à fonctionner à l'intérieur de cet enclos. J'y ai des amis qui sont "fidèles" à leur vocation. Je les admire. Mais parfois, pour certains, je me demande si c'est par conviction ou pour d'autres raisons.

Voilà que je m'emporte. Que je suis sorti de la neutralité que j'ai maintenue depuis le début de mon épistole. Je ne serais donc pas aussi "détaché" que je le pensais ?

Au fond, j'aimerais bien que l'Église soit moins "catholique" et plus "Jésuiste", c'est à dire qu'elle parle au monde d'aujourd'hui, comme Jésus parlait au monde de son temps, dans le langage qu'eux comprenaient, mais qui sonne faux à nos oreilles technologiques.

Ce défi sera-t-il relevable pour le prochain successeur de Pierre ? ... Je devrais dire : de Jésus.

Il y a eu tellement d'intermédiaires depuis Son Temps, tellement d'hommerie, tellement d'interprétations et d'interventions opportunistes ou triomphalistes, tellement de collusions politiques, qu'il n'est pas facile de retrouver le message original.

Oh! que j'apprécierais un vent de printemps sur les vieilles poussières. L'Espérance dont je faisais l'éloge un peu plus tôt en élargirait son sourire face aux incontournables questions qui hantent, je n'en doute pas, toute vie humaine qui se paie un peu de réflexion.

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A voir les interventions actuelles du Successeur après quatre ans de "règne", à moins qu'il ne se passe quelque chose de majeur de la part de la communauté chrétienne, le vent de printemps espéré ne sera pas pour le présent siècle.

Vous trouvez que je charrie ? Allez voir ces articles sur Internet:

La barque de Pierre aux mains de pirates vêtus de pourpre :

Lettre ouverte à Benoît XVI

Notre certificat d'excommunication, s'il vous plait

Et il ne s'agit pas simplement de positions de quelques individus.

Consultez aussi le contenu du site "Culture et Foi"

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Fin de la digression..... Je disais donc...

Je disais : L'Espérance serait-elle la meilleure réponse à "je ne sais pas"... ?

...Espérer tout ce que "Je Suis" voudra bien qu'il en soit, quand Il le voudra...

Espérer sans savoir ce qu'Il voudra ni quand Il le voudra...

Je n'ai pas de problème à dire que j'espère sans me demander qu'est-ce que j'espère... J'espère de façon ouverte. Sans objet. Je fais confiance...

Je fais confiance malgré les possesseurs de la vérité, leurs visions obtuses et leurs jugements. Je fais confiance malgré les relations d'opposition qui sèment la haine. Malgré le Mal que les hommes se font dans leurs relations les uns aux autres. Et au delà du Bien que les hommes se font dans leurs relations les uns aux autres...

Je fais confiance parce que la source de mon espérance loge au plus profond de mon "je suis", là où je rencontre "Je Suis".

Je ne sais toujours pas si l'Espérance est la meilleure réponse à "je ne sais pas", mais c'est tentant... d'y croire....

Oui ! C'est très tentant… D'ailleurs, même si le sujet autour duquel je pérore, c'est "Croire ou ne pas savoir", et que j'ai un penchant marqué pour "ne pas savoir", cela ne m'empêche pas d'avoir moi aussi mes croyances. Croyant ? Peut-être un peu, mais incrédule face aux balivernes que nous servent les possesseurs de la vérité. Ce contre quoi je me rebiffe, c'est de me faire dire ce que je dois croire. Je refuse d'écouter les propagateurs de la Vérité. Les annonceurs de la Bonne Nouvelle. La leur. Car toute proclamation de la Vérité ne peut être qu'une interprétation. Personnelle ou institutionnelle.

Je ne doute pas de l'existence passée d'un Jésus quelque part. Je n'éplucherai pas la doctrine des Credo à Son sujet. Ça, ce n'est pas de Lui, c'est venu quelques siècles plus tard. Mais ce qui nous est parvenu de Lui contient des messages de vie extraordinaire. Des messages de comportement responsable qui montre la Voie vers des relations d'édification entre les hommes. C'est-à-dire des relations d'Amour. A mon humble avis, Il fut le plus grand messager de Vie de tous les temps.

Il s'est dit Fils de Dieu, la Voie, la Vérité, la Vie.

Oui. Et pas de problème… Moi aussi et toi aussi... Il nous a appris à dire "Notre Père qui es aux cieux..."

Tout être humain, tout vivant est Fils de Vie. Et tant que je recherche "Je Suis" au fond de mon "je suis", je suis prêt à me déclarer Vérité comme Lui l'a fait. Mais je parle de ma Vérité à moi. Ma Vérité n'est pas nécessairement Vérité pour un autre. J'accepte que pour un autre, ma Vérité puisse être opinion.

La Vérité objective, la Vérité "possédée" et promulguée, je n'y crois pas. Ma Vérité est foncièrement subjective. Je ne la "crois" pas. Je la soupçonne et je l'espère. Elle naît des aspirations de connaissance et de vie sans fin qui jaillissent de ma rencontre avec "Je Suis" quand je me rapproche de Lui au fond de moi, et que je me pose la question : d'où est-ce que je viens et où est-ce que je vais.

Ma réponse à moi, celle de ma Vérité, ne peut être que : de Lui et vers Lui.

Mon "je suis" vient de "Je Suis" et retourne vers "Je Suis".

Cette réponse apporte la sérénité. Et pour moi, la sérénité est un critère de Vérité.

Oui, l'Espérance est une superbe réponse à : "je ne sais pas".

 

Epilogue (...plus ou moins temporaire…)

J'aurais la tentation d'ajouter : tout est dit.

Mais rien n'est dit.

Parce que la Vérité ne se dit pas.

Elle se vit.

"Je ne sais pas" se dressera toujours contre les affirmateurs de la Vérité.

"Je ne sais pas" sera toujours là pour aiguillonner l'Espérance.

Jusqu'à ce que vienne l'Échéance, à la fin du déclin.

Et si je dois conserver une croyance, - ou est-ce encore une espérance -

 ce sera qu'au moment de l'Échéance,

la Vérité devienne Évidence.

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