Table des matières
· Préambule
·
Introduction
·
Reconnaître l'Inconnu
·
"Je suis"
·
Formation et Éducation
·
La naissance
·
La vie
·
La mort
·
La relation à l'Univers
·
La relation au vivant
·
La relation à l'humain
·
La relation à Dieu
·
Digression
circonstancielle
·
Fin
de la digression...Je disais donc...
·
Épilogue
Avant-Propos : Peut-être n'avez-vous pas envie d'"embarquer" dans
une telle lecture. Dans ce cas, allez lire l'Épilogue: vous serez peut-être
curieux(se) d'en savoir un peu plus....
Ce texte
ne vise pas à convaincre.
Il émet
une opinion, et l'opinion de quiconque vaut celle que j'énonce ici. Ni plus ni
moins. Je ne possède pas la Vérité et je me méfie par dessus tout des
possesseurs de la Vérité. Je préviens tout de suite le lecteur : il y aura plus
de questions que de réponses. A la majorité des questions que je poserai, je me
sentirais malhonnête de proposer des réponses. Bien plus, ce texte n'est pas
terminé, et logiquement, il ne le sera jamais. Par ci par là, des énoncés
seront enlevés et remplacés par d'autres, de nouveaux seront ajoutés, au gré de
mes cheminements. Ce document sera toujours en quête de la Vérité.
Mais
alors, pourquoi l'écrire.
D'abord
pour moi-même. Pour aller au bout d'une idée, il faut l'exprimer. En parole ou
par écrit. Et les idées que j'ai à formuler, je soupçonne jusqu'où elles
peuvent aller, mais ce n'est qu'un soupçon. Je veux le savoir de façon claire.
Mais
alors, pourquoi le publier, ce texte.
Simplement
au cas ou la réflexion que j'énonce puisse aider quelqu'un d'autre à clarifier
sa propre vision, quitte à ce qu'elle soit diamétralement opposée à la mienne.
Je ne me prétends pas messager de vérité, mais d'opinion.
Ce que
j'écris n'est pas une autobiographie. Ma vie est un point minuscule aligné
parmi des milliards d'autres vies d'hommes et de femmes qui m'ont précédé ou
qui me succéderont. Ma vie ne représente pas d'intérêt particulier. Sauf pour
moi. Mais je reconnais d'emblée qu'il n'y a pas lieu d'en faire une pièce de
théâtre.
Les idées
que j'énonce sont cependant le fruit de mon vécu et ne sauraient avoir de sens
qu'en relation avec ce vécu. Je dirai donc en bref que j'ai été prêtre séculier
pendant huit ans, après quatre ans de Grand Séminaire et d'études théologiques.
Je dirai aussi que j'ai quitté cet état de vie parce qu'il ne me permettait pas
d'être ce que j'étais véritablement au fond de moi-même.
Un tel
passage, de par la formation dont il s'accompagne, laisse des traces profondes
et influence la façon de penser et de voir la vie. Sortir de cet état de vie
implique nécessairement une remise en question fondamentale de ce que l'on est,
de ce que l'on avait projeté, avant d'être capable de rebâtir sur de nouvelles
assises. Aujourd'hui, rendu à l'âge de la retraite, je me rends compte, que le
titre que j'ai choisi pour ce livre, - Croire ou ne
pas... savoir - résume le cheminement que j'ai parcouru tout au long
de ma vie jusqu'à ce jour.
Depuis
l'origine des temps, les hommes ont tenu à des croyances au point d'y conformer
leur façon de vivre. Le besoin de croire semble très profondément enraciné dans
la nature humaine. Les rites de sépulture les plus reculés dans le temps
témoignent d'une croyance en une survie après la mort. Cela ne peut pas
découler d'une connaissance constatée. Ce ne peut être que le produit d'une
croyance.
J'emploie
le terme croyance plutôt que foi, car il m'apparaît plus général et plus vaste.
J'associe le terme foi à un contexte de croyance, à une religion. La religion
survient quand on catalogue et ordonnance les croyances. Une religion en
intègre certaines, et en rejettent d'autres. Celles qu'elle a retenues font
l'objet d'une foi. Mais toute foi, chrétienne ou autre, fait partie du monde
des croyances. Le mot foi vient du latin "fides", racine de
"fidélité". Quand on parle de foi, on parle donc de fidélité à une
croyance.
Une
croyance ne peut pas se justifier rationnellement. Elle s'appuie sur la
crédibilité d'un témoin, ou sur une tradition. Partant de là, elle affirme.
Devant le non-explicable rationnellement, on affirme, on prend position. On
croit.
Et c'est
là que commence le drame de la croyance. Quand on croit, il n'est pas facile
d'admettre que d'autres pensent autrement. Ce serait admettre que la vérité
puisse être autre que celle à laquelle on adhère. Ou bien on détient la vérité,
ou bien on est dans l'erreur. Que ce soit pour soi ou pour d'autres. Cette
affirmation ne se vérifie pas nécessairement pour chaque personne. Il est
possible de conserver le respect des autres, mais c'est une dominante que l'on
ne constate que trop fréquemment. Bien sûr, chacun, dans son for intérieur peut
se questionner, remettre en question la "vérité" reçue. D'ailleurs,
cela ne dérange personne aussi longtemps qu'on ne l'exprime pas, et après tout,
chacun est libre de ses choix.
Mais la
Vérité telle que présentée par les Maîtres de Vérité, ceux qui dictent le
contenu de la croyance, n'a pas cette tolérance. Il n'est pas question de
facettes de vérité, de recherche de vérité. Elle est entière, totale et non
discutable. Elle repose sur des dogmes qui, dans l'Église catholique, reposent
sur l'infaillibilité du pape. Les autres religions ont aussi leurs maîtres de
Vérité.
Vu sous
cet angle, la croyance ne peut conduire qu'à la propagation de la vérité, au
militantisme, au missionnariat. Et quand on pousse la conviction jusqu'à son
extrême limite, au " crois ou meurs". L'histoire le démontre à pleine
page. L'inquisition espagnole, la chasse aux hérétiques, en sont des
exemples. Le fanatisme de certains groupes islamiques actuels en est un autre,
ainsi que l'histoire récente de l'Irlande.
Notons ici
que l'intolérance n'est pas le fait exclusif des religions identifiées comme
telles. La politique, le racisme, le nazisme, à ce chapitre, ne cèdent en rien
leur place aux grandes religions qui se partagent les peuples de la planète.
Ils sont d'ailleurs tous basés sur des croyances. "L'axe du mal"
défini par l'ex-président d'un pays voisin est un autre exemple de croyance. Et
on en voit les conséquences.
La
particularité des religions, par rapport aux croyances "laïques" est
qu'elles se situent à un cran supérieur. Elles visent plus haut qu'à atteindre
un objectif. Elles se veulent une explication du monde et de la vie de façon
fondamentale. Elles en déduisent des principes de vie qui sont non négociables
parce qu'ils découlent de la "Vérité ".
Ce qui
amène au constat suivant : Toute intolérance, tout fanatisme découle d'une
croyance. Je ne dis pas que la croyance mène nécessairement au fanatisme, mais
que le fanatisme provient de la croyance.
La
connaissance sait qu'elle est évolutive, qu'elle n'a pas toujours été ce
qu'elle est à un moment donné, et elle sait qu'elle évoluera encore dans le
temps. Cela lui permet d'accepter d'autres hypothèses, sachant que ce qu'elle
affirme est hypothèse, et que chaque hypothèse peut être renversée par une
nouvelle.
Une telle
approche est incompatible avec la croyance, du moins aussi longtemps que l'on
n'arrive pas à des évidences flagrandes. Des scientifiques ont payé cher
d'affirmer que la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse.
C'est
pourquoi, face à l'inconnu, faut-il croire ou reconnaître simplement ne pas
savoir….
Certains
domaines de l'inconnu, dans le domaine scientifique par exemple, ne créent pas
de problème, car on soupçonne dès le départ qu'un jour ou l'autre on trouvera
une réponse aux questions en suspens. La connaissance de l'Univers, pour
étriquée qu'elle soit présentement, ouvre constamment de nouvelles portes, et,
même si on ne voit pas la fin de la recherche, elle laisse la voie à des
constats possibles et à des découvertes qui préciseront et feront évoluer
constamment l'état de la connaissance.
Par contre
quand il s'agit de l'inconnu face aux questions fondamentales de la vie - d'où
elle vient, où elle va - cet inconnu déstabilise, parce qu'on ne voit pas le
jour ou la science apportera une réponse exhaustive aux questions posées.
La sonde
Huygens que l'on est parvenu à déposer sur la lune Titan de la planète Saturne
espère trouver comment se sont formées les premières cellules vivantes. Peu
importe les résultats que l'on découvrira, on ne parviendra pas à explorer la
vie vue du dedans : le "Je".
Ce domaine
échappe aux méthodes d'étude que permet la science. On pourra peut-être
comprendre un jour pourquoi, quand les conditions environnementales sont
favorables, telles et telles ensembles de molécules commencent à interagir, et
développent un premier niveau de vie en devenant une cellule. Mais on ne
peut pas expliquer ce qu'est la vie, et personne n'est venu nous dire ce qu'il
y a après la vie, ou si même s'il y a quelque chose qui fait suite. Il y a eu
des affirmations mais pas des démonstrations.
C'est
alors qu'on se tourne vers l'empirique, vers l'affirmation, vers la croyance,
vers le dogme, que l'on justifie par une révélation divine, le témoignage de
quelqu'un que l'on veut à toute épreuve, ou tout simplement par la tradition :
on l'a toujours cru, pourquoi ce ne serait pas vrai.
Autant de
façon de s'endormir sur une "Vérité" reposante et stabilisante.
Croire, c'est très attrayant, parce que ça sécurise. Ca évite de se poser des
questions, de remettre en question, de douter, de chercher et de vivre avec
l'inquiétude de ne pas trouver. Devant un doute qui s'éveille, on réaffirme sa
croyance.
Dans le
monde de la croyance, on ne peut pas douter, on ne peut pas contester. On
possède la Vérité. Alors pour s'en assurer, on ajoute la menace.
Parce que
la croyance est toujours renforcée par une menace. Menace de jugement, menace
de rejet, menace d'interdit, menace de damnation, menace d'enfer. Cela va de
soi : Le croyant "possède" la vérité. Hors de la Vérité, point de
salut. On a même dit : Hors de l'Église, point de salut.
Dans la
croyance, il n'y a pas de connaissance, parce que la connaissance découle d'un
constat, et qu'il n'y a pas de constat dans la croyance. Il y a de
l'affirmation, mais pas de la connaissance. Il n'y a que de l'inconnu.
Alors,
pourquoi ne pas reconnaître l'inconnu comme étant l'Inconnu.
Il n'y a
d'ailleurs qu'un seul inconnu qui mérite vraiment ce nom. C'est celui qui
entoure la vie. Avec une partie avant et une partie après. Et l'entre deux, la
vie, ma vie, est tellement minuscule entre l'avant et l'après qu'elle en
disparaît. Et pourtant, pour moi qui suis cette vie, cet
instant-grain-de-sable-dans-la-durée est tout ce qui compte aujourd'hui. Tout
autre inconnu que celui-là n'est pas du vrai inconnu, ce n'est que du
non-encore-connu. L'infinité du temps où je n'étais pas, et l'infinité du temps
où je ne serai plus, par rapport à l'instant infime où je vis, met en relief le
vide de ce que je sais face à l'infinité de ce que je ne sais pas.
On peut
étudier la vie de l'extérieur. Celle des autres. Constater l'historique de son
évolution, analyser les civilisations et les cultures. En autant que l'on
retrouve des traces du passé des humains, on procède à partir de constat, donc
de science.
On peut
même émettre des hypothèses sur le comportement humain, on peut analyser
l'"âme". On peut étudier le "je" ainsi que
l'influence de la civilisation et la culture sur le comportement des individus.
Mais à
partir du moment où le "je" c'est moi, et que je prends conscience
d'être, à partir du moment où je me vois de l'intérieur et que je pose la
question : "d'où je viens, où je vais et pourquoi est-ce que je vis",
le seul constat que je puisse faire, c'est que "je suis". Au sujet de
tout le reste, au sujet de la "Vérité", à part "je
suis", je ne sais pas et je n'ai pas de moyen de savoir.
Le vertige
que ce constat provoque oblige à trouver une explication. Ce qu'on ne peut pas
expliquer par des faits et constats, on l'explique en s'appuyant sur des
croyances. La profusion des religions témoigne de l'enracinement de ce besoin
dans la nature humaine. Chacune présente sa vision du monde et de sa
finalité...et elles ont toutes la particularité de se prétendre la seule
vraie...
Il est
intéressant de constater que dans la Bible, Dieu s'appelle Yahvé, c'est-à-dire
"Je Suis". Quand je constate que la seule vérité que je possède sur
ma vie, c'est que je suis, est-ce que je serais alors sur la voie qui mène vers
"Je Suis", et qu'en fait j'en fais partie?
"Je
Suis" échappe à toute définition. Il se vit de l'intérieur. Vu de
l'extérieur, ce n'est pas "je suis", mais "il est".
Si cette
affirmation est vraie pour moi qui suis conscient de mon "je", ce ne
peut qu'être vrai aussi pour tout autre individu semblable à moi vu de son propre
intérieur. Mais pour les autres "éléments" du même univers dont je
fais partie? Pour les animaux, chacun dans sa diversité ? Pour les vivants
végétaux, chacun dans sa diversité ? Pour toute matière non composée à base de
carbone, le monde minéral ? N'y aurait-il que l'homo sapiens qui puisse
disposer d'un "je"? Pourquoi mon chien n'aurait pas un "je"
? Pourquoi l'érable devant ma maison n'aurait pas un "je" ? Pourquoi
la Terre n'aurait pas un "je" ? Pourquoi l'Univers n'aurait pas un
"Je" ? C'est-à-dire, une conscience d'être.
Tout comme
il m'est impossible de prendre conscience de mon "je suis" à partir
de l'extérieur de moi-même, parler de "Je Suis" de l'extérieur,
c'est-à-dire discourir sur Dieu, c'est de la distorsion pure. La relation entre
mon "je suis" et le "Je Suis" de la Bible, ne peut se faire
que de l'intérieur, de mon propre intérieur, au fond de mon "je
suis".
Mais
alors, que viennent faire les dogmes, commandements, préceptes et sermons, tous
farcis d'affirmations gratuites et de phrases creuses. Une chose me paraît sûre
: la Vérité n'est pas là. Et ce n'est pas là qu'il faut la chercher.
La morale
? Là, c'est peut-être moins évident. Il ne s'agit pas d'affirmations pures et
gratuites, car elle vise un objectif. Un objectif de société. Encadrer pour
structurer une société. Elle vise à "former" la personne pour qu'elle
cadre dans ce que la société attend d'elle. Son but n'est donc pas
l'épanouissement du "je", mais son encadrement. Et la morale vise un
encadrement dans le but de guider les relations entre les humains.
Former,
c'est mettre dans une forme, c'est modeler, mettre à sa main, rendre
"conforme". Les entreprises le font avec leurs employés, pour qu'ils
puissent rencontrer les objectifs de l'entreprise. La société le fait pour
transmettre les valeurs qu'elle préconise, afin que règne l'ordre. Les
religions le font pour assurer l'acceptation du message de "Vérité"
qu'elles veulent transmettre.
Par
contre, éduquer, (ex ducere), c'est, littéralement, "conduire à partir
de". Ça ne dit pas :"vers", mais "de". C'est ouvert.
C'est prendre à partir d'un point de départ, et conduire vers ailleurs. C'est
rendre autonome, rendre libre.
Cependant,
toutes les sociétés mettent plus d'énergie à former qu'à éduquer. Ériger ce
qu'on appelle un "système d'éducation", c'est déjà le mettre dans un
moule. Un moule par lequel tout le monde doit passer. Un moule qui indique ce
que l'on doit apprendre. Et si un jour, on constate que le résultat est un
échec. Alors, on entreprend une "réforme du système". Et l'histoire
se répète.
Éduquer,
c'est une autre paire de manches. C'est d'abord reconnaître l'état d'où l'on
part, puis aider à développer la responsabilité, c'est-à-dire, la prise en
charge de soi, afin de rendre autonome et libre. Entre autre, libre de penser,
de réfléchir, de chercher et découvrir sa vérité au fond de soi. Amener à
formuler des questions plutôt que d'apporter des réponses. Mais la vérité
trouvée au fond de soi risque d'être différente de celle qui est enseignée
d'office. C'est pourquoi, il est plus confortable pour une société de former
plutôt que d'éduquer. C'est pourquoi, l'Église a servi des anathèmes et des
excommunications contre ceux qui osaient diverger de sa "vérité". Il
fut même un temps où elle les envoyait au bûcher... C'est aussi pourquoi elle
s'est appliquée à assujettir ses fidèles pour les rendre dociles. N'y a-t-il
pas de procédé d'assujettissement plus puissant que de convaincre quelqu'un
qu'il n'est qu'un tas de péchés et qu'il doit s'agenouiller auprès d'un autre
pour se faire dire : Je te pardonne au nom de Dieu.
Ceci dit
tout en respectant le libre choix de ceux qui y croient. Je ne juge personne.
Je ne suis pas porteur de vérité, mais d'opinion.
La
conscience d'être que j'ai aujourd'hui s'est imposée à moi progressivement.
D'abord très confusément. J'ai appris que je suis né à telle date de tel père
et de telle mère, et que ces derniers m'ont conçu environ 9 mois auparavant.
Entre la date de ma conception et la date de ma naissance, j'ai pris forme
progressivement, même si je n'en étais pas conscient, et que je n'en ai aucun
souvenir. Ce n'est que plusieurs mois après ma naissance que certains éclairs
de souvenir ont commencé à s'enraciner dans les cellules de mon cerveau. Il n'y
a pas de souvenir s'il n'y a pas de cerveau pour l'enregistrer. Et mon cerveau
a commencé à enregistrer des souvenirs quand il a été assez développé pour le
faire.
Si j'ai pu
exister sans en avoir de souvenir, et sans avoir eu le moyen d'en avoir,
puis-je me poser la question suivante: Est-ce bien vrai qu'avant ce moment de
ma conception, "je n'étais pas" ? J'ai tout de même été fait à partir
de cellules provenant de mon père et de ma mère. Et par le biais de ces
cellules j'ai hérité de tout un bagage de gènes qui m'ont transmis l'hérédité
de mes ancêtres, et qui ont formé non seulement mon corps, mais aussi mon
caractère et mes habiletés. Tout ce qui a fait que je suis devenu ce que je
suis était déjà là, dans les multiples combinaisons possibles des gènes qui ont
créé mon ADN. Mon "je" est-il sorti du sac comme par magie au
moment de la rencontre des deux cellules primaires qui ont lancé le développement
de mon corps ?...ou bien...Intervention directe de Dieu pour insuffler la vie
lors de chaque conception ou naissance - (à quel moment?) - d'un bébé, d'un
chat, chien, moustique, bactérie, virus, etc...?..... Évolution naturelle de la
matière quand elle rencontre les conditions nécessaires ?........ Incarnation
d'une parcelle de "Je Suis" qui se transmet d'une génération à
l'autre ?....
Première
question sans réponse : Croire ou ne pas savoir…...
Croissance,
maturité, déclin. C'est le cycle de tout être vivant, qu'il soit végétal ou
animal. Le constater est une chose. Le vivre en est une autre.
Le
scientifique constate le cycle et il l'énonce froidement. Il sait.
Le
"je" vit ce cycle, et, au delà de la croissance, de la maturité et du
déclin constatés, il se pose la question : d'où je viens, où je vais. Il ne
sais pas.
Et il
angoisse.
Le corps
vieillit avec le temps; par contre, le "je" ne se perçoit pas comme
vieillissant au même rythme, au contraire, il a conscience de s'enrichir avec
le temps. Serait-ce un signe que la Fin ne le concerne pas? Que "je
suis" sera toujours "je suis"? Tout comme il ne pourra jamais
dire "j'étais" ou "je n'étais pas". D'ailleurs, vu de
l'intérieur, cette question est un non sens. Le passé et le futur n'ont de sens
que dans l'étalement temporel de mon "je suis" par rapport à
l'instant présent. Hier, je disais "je suis", et aujourd'hui, je dis
encore "je suis". Au même indicatif présent. À un moment donné, pour
un vivant donné, le futur cesse d'être futur, pour devenir le présent, la durée
d'un instant, puis il devient le passé pour toujours. Mais "je suis",
c'est-à-dire, ma conscience d'être, se voit et se vit toujours au présent. Avec
une croissance, une maturité et un déclin. Entouré, quand vu de l'extérieur,
d'un début et d'une fin. Vu de l'intérieur, je n'ai pas eu conscience de mon
début. Est-ce que j'aurai conscience de ma fin, lorsqu'elle sera en train de se
produire ?... J'ai existé sans en être conscient, entre ma conception et ma
naissance. Est-ce que j'existerai aussi sans en être conscient après ma mort
?....ou en continuant à être conscient ?... On y reviendra.
Le vivant
vient du vivant, donne la vie au vivant, et se nourrit du vivant.
Quand on dit : mordre dans la vie, on n'aura jamais si bien dit: Il faut tuer
pour continuer à vivre. Que l'on mange du végétal ou de l'animal, on le tue en
le mangeant. On le tue et en même temps on lui redonne vie. Pas dans le même
"je", mais dans celui d'un autre. Mais alors, tuer contribue à maintenir
la vie ? Le "mangé" cesse de vivre pour permettre à celui qui
le mange de continuer à vivre.
C'est ce
que le scientifique appelle la chaîne alimentaire.
Du point
de vue du "je", "mangé" ou "mangeur", c'est
la lutte pour la survie.
Et si le
"je" était distinct et dissociable du vivant qui le porte ? S'il
faisait partie d'un autre ordre d'être, qui s'amalgame avec la matière pour
participer à son évolution, qui "s'incarne" dans une pierre, une
plante, un animal "homo sapiens" ou non, pour lui donner son "je
suis", sa conscience d'être, au delà de son existence, et ceci tout en
étant indissociable de "Je Suis"?
Alors
toutes les religions auraient peut-être chacune un élément de vérité ? de la
Réincarnation à la Résurrection.
Il est
difficile de ne pas penser religion face à la vie.
Mais, là
encore la question reste sans réponse : croire, ou ne pas savoir…...
La mort
des autres ne pose pas de problème, tout comme celle du chien de mon voisin, de
l'araignée que j'écrase sous mon pied, intentionnellement ou accidentellement,
ou celle de la carotte que l'on arrache du jardin à l'automne. Non, la mort des
autres ne dérange pas. Elle dérange un peu s'il s'agit de proches, mais ça
passe.
Mais la
perspective de sa propre mort. La pensée inéluctable qu'on n'y échappera pas.
On passe sa vie à apprivoiser cette idée. Et plus la vie s'allonge, plus on
prend conscience que l'échéance incontournable se rapproche.
Angoisse.
Où en
serai-je quand viendra le moment.
Le plus
angoissant n'est pas le fait de la mort elle-même. C'est de ne pas savoir ce
qu'il y a après. De là la tentation de croire : Un beau Paradis pour
l'éternité.
Je ne le
nie pas : je dis que je ne sais pas.
Est-ce que
la conscience que "je suis" durera au delà du temps.
Voilà que je viens de d'énoncer un non sens : durer implique temps. La durée se
mesure dans le temps. S'il n'y a plus de temps, il n'y a plus de durée. On ne
peut pas évaluer si "l'éternité" est courte ou longue. Elle est … ou
elle n'est pas…
Plusieurs
personnes, après un retour d'une mort clinique momentanée, ont témoigné avoir
vécu un expérience extraordinaire faite de lumière et de bien-être indicible.
D'autres personnes, au sortir d'une aventure dans le monde de la drogue, affirme
avoir vécu des hallucinations parfois semblables, même si ce n'est pas toujours
le cas.
Une chose
semble probable, pour ne pas dire plus, c'est qu'au moment de la mort, le
cerveau cesse d'être approvisionné en oxygène, et que littéralement, il
s'empoisonne, il devient drogué, entourant les derniers moments lucides
d'hallucinations bienfaisantes. La mort étant accomplie, on ne peut pas avoir
conscience d'un "après" du dernier moment de vie. L'éternité serait-elle
la fixation bienheureuse dans le dernier instant-qui-n'a-pas-d'instant-suivant
? Mais alors, la vie serait le résultat d'un cerveau bien organisé ?... Et en
serait indissociable ?
Mais comme
ceci ne peut pas être constaté, ce ne pourrait être qu'une croyance….
Toujours
le même dilemme : croire ou ne pas savoir…...
Je suis
une poussière sur la Terre, qui est une poussière dans l'Univers. Mais je suis
une poussière qui pense. (Au fait, suis-je la seule poussière à penser, dans
l'Univers ?…)
De toute
façon, je pense. Et je prends conscience de cet Univers dont je ne peux pas
prendre la mesure. Car toute connaissance nouvelle que je peux acquérir sur cet
Univers, me convainc toujours plus qu'il est hors de portée de toute mesure. On
peut parler de Big Bang initial et d'expansion indéfinie, rien ne me dit
qu'avant ce Big Bang (si vraiment cette théorie est juste), il n'y a pas eu une
implosion, et que l'Univers ne joue pas ainsi au yoyo depuis toujours. On dit
présentement que l'Univers est en expansion. Le télescope Hubble a découvert
des étoiles à des milliards d'années-lumière de nous. Plus les outils de
recherche se raffinent, plus les limites de l'Univers semblent reculer. Se
pourrait-il qu'en fait l'Univers n'ait pas de limite ? Et ceci dans les deux
sens : vers l'infiniment grand et vers l'infiniment petit ?
Mais peu
importe. Je suis, et l'Univers est. Je suis lié à l'Univers, j'en fais partie.
Une partie qui peut paraître dérisoire, mais qui ne l'est sûrement pas, puisque
si je n'avais pas d'importance je n'en ferais pas partie. Je ne saurais avoir
existé sans qu'il y ait une raison. Dilemme de l'insignifiance de mon existence
à l'échelle de l'Univers et en même temps de mon "indispensabilité".
Je fais partie du courant de vie qui jalonne l'Univers, ici sur Terre, sous
diverses formes, et vraisemblablement ailleurs aussi. Je l'ai reçue de mes
parents, tel une étincelle, et je transmets l'étincelle à mes enfants pour
qu'elle continue.
Mais
pourquoi ? Je ne sais pas.
Ce que je
pense savoir, c'est que je suis un chaînon dans l'évolution des espèces
vivantes. La vie ici sur terre a commencé sous la forme d'une première cellule
protozoaire. Ces cellules se sont associées à d'autres cellules pour former des
molécules de plus en plus complexes, qui elles-mêmes se sont associées avec
d'autres pour donner naissance à des êtres vivants ayant une vie et des
comportements distincts de ceux des cellules qui les forment.
Les
cellules de mon corps sont continuellement remplacées par de nouvelles. On dit
que sur un espace de sept ans, toutes les cellules du corps humain sont
remplacées. Aujourd'hui, rien ne subsiste de ce qui composait mon corps
d'enfant. Et pourtant, c'est toujours "moi" qui vit, malgré le
remplacement de toutes mes composantes.
Ma
conscience d'être est distincte de chacune des composantes de mon corps et de
la matière qui le constitue. C'est ainsi que je peux dire: ma tête, ma main,
mes sentiments, mon intelligence. Mais si je dis "moi",
je fais allusion à l'ensemble de ce qui me constitue, et en même temps, à
aucune des ces composantes en particulier.
Est-ce
que, à mon niveau, comme pour les cellules de mon corps par rapport à
moi, je suis moi-même une simple composante d'un autre Être qui
perdure quand je meure et que quelqu'un d'autre prend ma relève ? Y aurait-il
un autre ordre d'être qui est à la fois moi et distinct de moi, comme le sont
les atomes, molécules et cellules de mon corps par rapport à moi ?
L'évolution
s'est diversifiée en fonction des milieux de vie ou de besoin de survie,
jusqu'à générer une multitude d'espèces, qui n'en finissent plus de changer, de
s'adapter et de développer de nouvelles habiletés. On peut avoir l'impression
aujourd'hui que l'évolution est terminée, et que la Création a atteint sa forme
idéale. Faux. On ne voit pas l'évolution au niveau des espèces animales, elle
est trop lente. Mais on la voit au niveau des bactéries et des virus, qui
s'adaptent à une vitesse effarante aux effets des vaccins et médicaments
(pervers pour eux...) de façon à pouvoir survivre. L'Univers semble, vu avec
recul ( est-ce possible ? ), en marche constante vers une recherche d'état
idéal, recherche à laquelle je contribue par ma brève participation. Mais
comment ?... Pourquoi ?...
Je ne sais
pas.
Tout ce
que je sais, c'est que "je suis". Que je suis dans l'Univers, et
qu'en fin de compte j'origine de Lui, que c'est Lui qui m'a fait.
Lui doit
savoir.
Lui ou son
"Je Suis".
Mon rêve
de connaissance le plus tenace est de connaître les secrets de l'Univers. Parce
qu'il n'y a rien que l'on puisse connaître qui n'en fasse partie. Toutes
connaissances, même celles qui requièrent la formulation la plus abstraite,
concernent l'Univers. Cet Univers, je le contemple, je le pense, et même si je
parviens à en interpréter maladroitement quelques secrets, je ne peux en fin de
compte, vu de l'extérieur, vu de mon point de vue, je ne peux que constater que
l'Univers Est, et que jamais je ne parviendrai à en prendre la mesure. Mais, si
l'Univers a une conscience d'être, vu de son intérieur à Lui, ce ne peut pas
être "Il Est" , mais "Je Suis". Le seul "Je Suis"
duquel proviennent tous les autres parce que rien ne peut exister qui ne fasse
partie de l'Univers.
Mourir,
serait-ce alors pour moi, que "je suis" quitte la matière qui se
désintègre pour réintégrer "Je Suis" de l'Univers ?
Ça mérite
d'être l'objet d'une croyance, mais je ne sais pas.
Certains
papillons, au cours de leur migration entre le Canada et le Mexique vivent le
cycle de 2 ou 3 générations. Et pourtant la dernière génération sait où elle
doit se rendre. Transmission génétique de la connaissance ?... Rémanence d'un
"je suis" d'une génération à l'autre ?...
La
nécessité de protéger leur survie, que ce soit contre les prédateurs ou que ce
soit face aux contraintes du milieu de vie, amène les espèces vivantes à
évoluer. Contre les prédateurs, certaines usent de camouflage, d'autres
concoctent et génèrent des poisons. En retour, les prédateurs s'immunisent
contre ces poisons. Ceci ne peut pas se faire tout seul. Ce ne sont même plus
les individus qui réagissent, c'est l'espèce. Y aurait-il donc, dans l'espèce,
une "pensée" qui réfléchit et réagit ? Y aurait-il un "je"
au niveau de l'espèce qui lutte pour sa survie, en préparant une autre
évolution?
Élucubrations
? Je n'oserais pas dire.…. Mais je dis : je ne sais pas….
Le cycle
de la vie (croissance, maturité, déclin) s'étale selon une durée variable dans
le temps. De quelques minutes chez certains insectes, à plusieurs milliers d'années
pour les arbres géants du nord de la Californie. Mais vu à l'échelle de
l'Univers, ces durées sont toutes du même ordre, celui de l'étincelle, qui
disparaît aussi vite qu'elle est apparue. La vie serait alors comme une gerbe
d'étincelles qui jaillit de l'"immesurable" Univers… ou de son
"Je Suis"…
Sur la
poussière de l'Univers qui s'appelle Terre, je ne suis pas seul à constater que
"je suis". Je ne sais pas si la carotte de mon jardin est consciente
de son "je suis", mais ce qui peut être constaté, c'est qu'elle
partage, sous une forme différente, la vie qui m'anime. Elle, tout comme moi
connaît la croissance, la maturité et le déclin. La relation au vivant va bien
au delà de la relation aux humains. Elle englobe tout ce qui est vivant. Il
s'agit là d'une relation privilégiée par rapport au reste de l'Univers.
Le vivant
est composé de la même matière que l'on retrouve partout dans l'Univers.
Ce qui le différencie, c'est son organisation. C'est le choix des éléments,
leur agencement et un environnement favorable qui font que la vie jaillit. De
là s'enclenche le processus de croissance, de maturité et de déclin, englobé
dans un contexte d'évolution et de transformation de l'espèce. Puis, à la fin
du déclin, quand la matière vivante se désorganise, c'est la mort.
Bien beau,
vu de l'extérieur…Mais le mystère, et en même temps la merveille, c'est que dès
que commence ce processus de la vie, une conscience d'être, un "je"
se reconnaît dans ce vivant. (Disons, probablement à des degrés variables de
conscience, selon la complexité de l'organisation du vivant considéré…). Un
"je" qui réagit au contact du monde environnant. Une conscience qui
s'émerveille de reconnaître sa propre existence, et qui en même temps angoisse
à la pensée d'une fin inévitable.
Même si la
science parvenait à arrêter l'horloge interne qui marque la marche vers le
déclin, la vie sera toujours à la merci d'un accident destructeur. On aura beau
prolonger la vie, on n'effacera pas l'angoisse. La science ne peut travailler
que sur les conditions qui entourent et permettent la vie. Mais pas sur
l'essence de la vie. Il s'agit là d'un aspect de l'Univers infiniment plus
difficile à sonder que les secrets de la matière.
Que l'on
constate que la vie puisse s'éveiller si toutes les conditions sont réalisées,
qu'elle puisse se propager, engendrer d'autres vivants, c'est une chose. Une
chose vue de l'extérieur. Mais que l'un de ces vivants s'avère être
"moi", et que je prenne conscience de ma présence dans ce
vivant....(La même chose vue de l'intérieur)… Alors je me demande : qu'est-ce
que ce "moi" dont je prends conscience ?... D'ou je viens ?... où je
vais ? ....Pourquoi ?... Qui suis-je?...
La
question lancinante qui n'a pas de réponse....
Croire...
ou ne pas savoir...
La
relation à l'humain peut être considérée, au delà du jeu de mot, comme la
relation "allumée", parce que c'est elle qui a fait évolué
l'intelligence humaine. Une idée peut se concevoir, se formuler et se
transmettre parce qu'il y a une autre intelligence pour la recevoir, la
comprendre et y réagir. C'est la relation entre les deux qui alimente la pensée
et lui permet de se développer. S'il n'y avait personne pour recevoir la
communication, il ne se serait pas développé de langage; et pas de langage, pas
de formulation, et en fin de compte, pas de connaissance. La pensée de l'un
"allume" celle de l'autre et vice-versa. Alors, la connaissance peut
évoluer. Il s'agit là d'une relation d'un autre niveau que celui de la relation
au vivant. Relation de "je suis" au "je suis" d'un autre.
Relation de partage et d'échange.
Mais dans
la vrai vie, tout n'est pas aussi beau et aussi simple. Il peut s'agir d'une
relation de communion ou bien d'une relation d'opposition. Amour ou Haine. Le
Bien, le Mal...
Le Bien et
le Mal n'existent pas en tant que tel dans l'Univers. Ils sont le résultat de
la relation entre les humains. La relation à l'humain, selon son orientation,
tend vers l'édification ou vers la destruction, vers l'Amour ou vers la Haine.
L'Amour et
la Haine implique nécessairement une relation à un autre. Une relation qui
édifie ou qui détruit.
Tout comme
il n'y a pas de constat de Bien et de Mal, dans l'Univers, il n'y a pas non
plus de constat de Ciel ni d'Enfer. Seraient-ils l'aboutissement, vu de
l'intérieur, d'une vie qui se réalise selon une relation qui édifie ou qui
détruit ?.. ou bien, font-ils partie intégrante et objective de cet "autre
ordre d'être" évoqué plus haut, comme hypothèse alternative?
Qui
saurait dire....Moi, je ne sais pas...
Le mot
Dieu est tellement galvaudé que, chaque fois qu'on l'utilise, on doit se
redemander ce qu'il signifie. On finit immanquablement par en faire un objet.
Au mieux, un être vivant omniprésent, omnipuissant et omniresponsable de tout
ce qui se passe dans l'Univers… Et aussi omniresponsable de tout ce qui se
passe dans chacune de nos petites vies. Si bien que devant une
catastrophe on en vient à demander : pourquoi Dieu laisse-t-il faire ça…
Qu'est-ce que j'ai fait au Bon Dieu…
Dieu qui
récompense ou Dieu qui punit. Selon que je fais le bien ou que je fais le
mal...
Déviation
de la croyance…
La
pratique du sport vise à développer des habiletés et des réflexes. Quand on
excelle dans un sport, on n'a pas besoin de réfléchir pour savoir quelle
réaction adopter. Et quand on a de la difficulté à réaliser une activité, on
surmonte cette difficulté en "pratiquant".
Les
religions ont toutes compris cela, car c'est une partie très importante de
leurs préceptes. La pratique religieuse. On dira que les rites extérieurs sont
des supports au recueillement. Mais quand on en vient à en faire des
obligations, il y a fort à parier que c'est au détriment de l'objectif
recherché. Le moyen devient l'objectif. On entre dans la magie de l' "ex
opere operato", du résultat automatique, du "qui produit ce qu'il
signifie". Et si le résultat n'est pas ce qu'on attendait, on se demande
pourquoi Dieu n'intervient pas. Dans ce contexte, la prière devient un lieu de
commandes adressées à Dieu.
La seule façon de rencontrer "Je Suis", ne peut se faire que
de l'intérieur, à partir de mon "je suis", de ma conscience d'être,
pour rejoindre "Je Suis" qui supporte mon "je suis".
Et la Voie
pour m'en approcher est de faire abstraction de tout le " bruit "
qu'il y a autour de moi pour entrer au fond de moi-même, afin de prendre
conscience de mon existence, de ma vie, de la Vie. M'enrober dans le mystère de
la Vie.
C'est ma
définition de ce qu'on appelle prier. La prière ainsi vue n'a pas besoin de
paroles et encore moins de gestes.
La Vérité
ne peut être qu'au fond de moi autour de cette parcelle de conscience d'être
qui m'anime, et dont je prends conscience qu'elle ne saurait exister si la Vie
ne lui était constamment insufflée. Au sortir d'une telle prière, si je n'en
reviens pas avec une réponse claire à mon questionnement sur "d'où je
viens, où je vais, et pourquoi je suis ici", je pourrai, j'espère,
trouver la sérénité en donnant ma confiance à "Je Suis" que j'y
rencontre.
J'en viens
alors à me demander s'il ne vaut pas mieux être un "espérant" plutôt
qu'un croyant. Faire confiance au cadeau gratuit de la Vie plutôt que de
m'accrocher à une "vérité" que je ne peux pas constater et qui fait
fi de mon intelligence .
L'Espérance
ne repose pas sur des certitudes, elle n'affirme rien. Elle ne prend rien pour
acquis. Elle ne cherche pas à convaincre. Espérer, c'est être ouvert, en
attente, en état d'accueil. La "Vérité" que je trouve au fond de moi,
quand je m'arrête pour prendre conscience de ma vie, me dit intérieurement que
cette soif de connaître que j'éprouve, cette soif de vivre sans fin, est une
invitation à espérer. Cette idée, du moins, atténue l'angoisse, et libère de la
place à la sérénité.
Espérer
quoi ?
Si
"Je Suis" supporte mon "je suis" en ce moment, et continue
à le faire dans la durée, pourquoi devrais-je angoisser à la pensée qu'un jour
Il pourra me présenter autre chose... Qu'ai-je à craindre ?… C'est probablement
ce à quoi pensait le psalmiste quand il chantait "Le Seigneur est mon
Berger...". Relation d'édification, c'est-à-dire Relation d'Amour.
Espérer
tout ce que "Je Suis" voudra bien qu'il en soit, quand Il le
voudra...
L'Espérance
serait-elle alors la meilleure réponse à "je ne sais pas"... ?
Jean-Paul
II vient de mourir. Ce fut un homme qui a eu une influence extraordinaire sur
le plan mondial. Tous les hommages qui lui sont rendus présentement, il les a
mérités. Il a été accueillant pour tous et a tenu à visiter les plus humbles et
les plus délaissés. Il s'est ouvert au monde. Il est le symbole de l'accueil.
Et les "accueillis" le lui rendent bien.
J'ose
cependant souhaiter que son successeur puisse se dégager du carcan de la
tradition et présenter une vision plus ouverte du message évangélique sur
plusieurs sujets qui déchirent les chrétiens.
Durant des
centaines d'années, l'Église a refusé de reconnaître les avancées de la science
parce que "contraires" à ses enseignements, à "sa vérité".
Des chercheurs ont payé sur le bûcher le prix de leurs convictions. Il a fallu
des siècles pour que devant des évidences flagrantes elle reconnaisse certaines
erreurs. Aujourd'hui, on ne brûle plus sur le bûcher. Mais l'attitude demeure
la même face aux opportunités que la science propose pour soulager certains
grands maux de l'humanité. L'attitude demeure aussi la même face à ceux qui
osent diverger de "sa vérité" et de ses enseignements. Rares sont les
théologiens reconnus qui n'ont pas eu au cours de leur carrière, parce qu'ils
ont osé penser et parler, non pas à expliquer le pourquoi de leurs positions,
mais à se faire dire de rectifier le tir.
l'Église
a été depuis toujours une affaire de clergé. Quelques frileux progrès on été
accomplis, mais c'est tellement mince. On manque de prêtres, alors, on consent
à utiliser des diacres. Eux pourront se marier, mais l'important c'est qu'ils
font partie du clergé. Par contre, pour les prêtres, il faut être "pur"
et sans attache. Les laïcs, c'est du menu fretin… et les femmes encore
bien moins. Rappelons-nous que le célibat sacerdotal n'a pas toujours existé.
C'est de la tradition. Avec comme origine une souci de maintenir intègre le
patrimoine de l'Église, au cours d'époques où le haut-clergé possédait de
grands domaines, et détenait un large pouvoir politique sur les divers royaumes
d'Europe. On a "spiritualisé" cette tradition et on en a fait une
mystique. Avec comme résultat les déviations sexuelles que l'on découvre
aujourd'hui avec indignation, et aussi avec comme autre résultat un
mépris pour les femmes, qui ne sont pas "dignes" d'accéder aux fonctions
ministérielles.
Je ne peux
oublier le témoignage de cette religieuse américaine qui a eu le courage, lors
du voyage du Pape aux États-Unis, de dire devant lui, qu'elle souhaitait une
place pour les femmes dans les fonctions ministérielles de l'Église. Peu de
temps après, elle a été convoquée au Vatican. Je l'admire d'avoir tenu tête
devant son inquisiteur, qui lui demandait de préciser que sa pensée ne portait
pas sur l'accession des femmes à la prêtrise.
J'ai dit
un jour, il y a une trentaine d'années, que le problème de l'Église se
réglerait par le vide. C'est ce qui est en train de se produire à l'échelle
quasi mondiale.
Mais quand
le message se rendra-t-il à Rome...Précisons en effet que je ne parle pas ici
de l'Église communauté des chrétiennes et chrétiens. Je parle de l'Église
vaticane, cléricale et sexiste. Celle qui "possède" la Vérité….
Les Infaillibles
des siècles passés ont sclérosé l'Église, en l'enfermant dans des formulations
rigides, qui l'empêchent de lire le message évangélique avec les yeux du monde
contemporain et en tenant compte des apports de la science. La doctrine a
pris le dessus sur l'évangile depuis des siècles et elle s'est momifiée.
Résultat : désaveu de la masse des chrétiens qui ne se reconnaissent plus dans
le langage qu'on leur sert présentement. Oh! J'ai beaucoup d'admiration pour
les prêtres qui continuent à fonctionner à l'intérieur de cet enclos. J'y ai
des amis qui sont "fidèles" à leur vocation. Je les admire. Mais
parfois, pour certains, je me demande si c'est par conviction ou pour d'autres
raisons.
Voilà que
je m'emporte. Que je suis sorti de la neutralité que j'ai maintenue depuis le
début de mon épistole. Je ne serais donc pas aussi "détaché" que je
le pensais ?
Au fond,
j'aimerais bien que l'Église soit moins "catholique" et plus
"Jésuiste", c'est à dire qu'elle parle au monde d'aujourd'hui, comme
Jésus parlait au monde de son temps, dans le langage qu'eux comprenaient, mais
qui sonne faux à nos oreilles technologiques.
Ce défi
sera-t-il relevable pour le prochain successeur de Pierre ? ... Je devrais dire
: de Jésus.
Il y a eu
tellement d'intermédiaires depuis Son Temps, tellement d'hommerie, tellement
d'interprétations et d'interventions opportunistes ou triomphalistes, tellement
de collusions politiques, qu'il n'est pas facile de retrouver le message
original.
Oh! que
j'apprécierais un vent de printemps sur les vieilles poussières. L'Espérance
dont je faisais l'éloge un peu plus tôt en élargirait son sourire face aux
incontournables questions qui hantent, je n'en doute pas, toute vie humaine qui
se paie un peu de réflexion.
.....................................
A voir les
interventions actuelles du Successeur après quatre ans de "règne", à
moins qu'il ne se passe quelque chose de majeur de la part de la communauté
chrétienne, le vent de printemps espéré ne sera pas pour le présent siècle.
Vous
trouvez que je charrie ? Allez voir ces articles sur Internet:
La barque de Pierre
aux mains de pirates vêtus de pourpre :
Notre
certificat d'excommunication, s'il vous plait
Et il ne
s'agit pas simplement de positions de quelques individus.
Consultez
aussi le contenu du site "Culture
et Foi"
....................................
Fin de la digression..... Je disais donc...
Je disais
: L'Espérance serait-elle la meilleure réponse à "je ne sais pas"...
?
...Espérer
tout ce que "Je Suis" voudra bien qu'il en soit, quand Il le
voudra...
Espérer
sans savoir ce qu'Il voudra ni quand Il le voudra...
Je n'ai
pas de problème à dire que j'espère sans me demander qu'est-ce que j'espère...
J'espère de façon ouverte. Sans objet. Je fais confiance...
Je fais
confiance malgré les possesseurs de la vérité, leurs visions obtuses et leurs
jugements. Je fais confiance malgré les relations d'opposition qui sèment la
haine. Malgré le Mal que les hommes se font dans leurs relations les uns aux
autres. Et au delà du Bien que les hommes se font dans leurs relations les uns
aux autres...
Je fais
confiance parce que la source de mon espérance loge au plus profond de mon
"je suis", là où je rencontre "Je Suis".
Je ne sais
toujours pas si l'Espérance est la meilleure réponse à "je ne sais
pas", mais c'est tentant... d'y croire....
Oui ! C'est
très tentant… D'ailleurs, même si le sujet autour duquel je pérore,
c'est "Croire ou ne pas savoir", et que j'ai un penchant marqué
pour "ne pas savoir", cela ne m'empêche pas d'avoir moi aussi mes
croyances. Croyant ? Peut-être un peu, mais incrédule face aux balivernes
que nous servent les possesseurs de la vérité. Ce contre quoi je me rebiffe,
c'est de me faire dire ce que je dois croire. Je refuse d'écouter les propagateurs
de la Vérité. Les annonceurs de la Bonne Nouvelle. La leur. Car toute proclamation
de la Vérité ne peut être qu'une interprétation. Personnelle ou institutionnelle.
Je ne
doute pas de l'existence passée d'un Jésus quelque part. Je n'éplucherai pas la
doctrine des Credo à Son sujet. Ça, ce n'est pas de Lui, c'est venu quelques
siècles plus tard. Mais ce qui nous est parvenu de Lui contient des messages de
vie extraordinaire. Des messages de comportement responsable qui montre la Voie
vers des relations d'édification entre les hommes. C'est-à-dire des relations
d'Amour. A mon humble avis, Il fut le plus grand messager de Vie de tous les
temps.
Il s'est
dit Fils de Dieu, la Voie, la Vérité, la Vie.
Oui. Et
pas de problème… Moi aussi et toi aussi... Il nous a appris à dire "Notre
Père qui es aux cieux..."
Tout être
humain, tout vivant est Fils de Vie. Et tant que je recherche "Je
Suis" au fond de mon "je suis", je suis prêt à me déclarer
Vérité comme Lui l'a fait. Mais je parle de ma Vérité à moi. Ma Vérité n'est
pas nécessairement Vérité pour un autre. J'accepte que pour un autre, ma Vérité
puisse être opinion.
La Vérité
objective, la Vérité "possédée" et promulguée, je n'y crois pas. Ma
Vérité est foncièrement subjective. Je ne la "crois" pas. Je la
soupçonne et je l'espère. Elle naît des aspirations de connaissance et de vie
sans fin qui jaillissent de ma rencontre avec "Je Suis" quand je me
rapproche de Lui au fond de moi, et que je me pose la question : d'où est-ce
que je viens et où est-ce que je vais.
Ma réponse
à moi, celle de ma Vérité, ne peut être que : de Lui et vers Lui.
Mon
"je suis" vient de "Je Suis" et retourne vers "Je
Suis".
Cette
réponse apporte la sérénité. Et pour moi, la sérénité est un critère de Vérité.
Oui,
l'Espérance est une superbe réponse à : "je ne sais pas".
Epilogue. (...plus ou moins temporaire…)
J'aurais la tentation d'ajouter : tout est dit.
Mais rien n'est dit.
Parce que la Vérité ne se dit pas.
Elle se vit.
"Je ne sais pas" se dressera toujours contre
les affirmateurs de la Vérité.
"Je ne sais pas" sera toujours là pour
aiguillonner l'Espérance.
Jusqu'à ce que vienne l'Échéance, à la fin du déclin.
Et si je dois conserver une croyance, - ou est-ce
encore une espérance -
ce sera qu'au moment de l'Échéance,
la Vérité devienne Évidence.